J'veux pas...
Ce soir, vers 22h30, on rentrait du cinéma, ma mère et moi... je pensais à "lui". Et, l'espace d'un instant, d'un court instant, je me suis dis que j'allais lui dire, lui dire que je l'aime, ou peut-être seulement que je l'aimais, et qu'à présent, je ne sais plus trop... ou qu'à présent, je crois ne plus l'être, mais que tout compte fait, il me suffit d'un rien pour raviver ma flamme. L'espace d'un instant, j'ai pensé lui dire, lui dire vraiment. Et, l'espace d'un autre instant, bien moins court celui-là, puisqu'il dure encore, je me suis dit... non. Pourquoi, non ? Oui, car, pendant les premiers moments de cet autre instant, j'ai pensé non tout en continuant d'avoir envie de le lui dire... Non, parce que... Non, j'veux pas. J'veux pas.
Pourquoi je ne veux pas ? Parce que je ne suis pas certaine de mon amour ? Même pas. J'veux pas. A cause de ce trop grand inconnu. Un inconnu quelle que serait sa réaction. Même si c'est que ce n'est pas réciproque. Et pourant, ça, je l'ai entendu plus d'une fois. Mais pourtant, ce serait inconnu... parce que ce serait la première fois que je dirais quelque chose de ce genre depuis que je vais mieux. Parce que ce serait la première fois aussi que j'entendrais cette réponse depuis que je vais mieux. J'ai l'impression, la stupide impression, qu'avant... j'étais bien trop bas pour pouvoir descendre encore. Maintenant que je suis remontée, je peux aussi redescendre. Alors... j'veux pas. J'veux attendre. Attendre tout et rien du tout, juste attendre. J'veux pas, c'est trop trouble. Mon vague de "je ne sais pas", je le connais ; je le connais même tellement bien qu'il n'est plus vague du tout. Tandis que l'autre vague, le vague de ce que ça pourrait bien me faire si... c'est une brume épaisse.
Pourquoi je ne veux pas ? A cause, aussi, de l'autre inconnu... l'inconnu du "oui". A présent que tout le reste va mieux, qu'est-ce que je peux y penser à ce "oui", et à ce qu'il a de formidable, évidemment, comme avant... mais aussi à ce qu'il a de moins formidable, et ça, j'y pensais bien moins. En fait... non, ce n'est même pas complètement ça. Parce que je continue quand même beaucoup d'idéaliser ce que pourrait être une vie avec un amour réciproque et connu. Un peu moins qu'avant, forcément, mais tout de même. Finalement... j'ai l'impression d'être spectatrice. C'est ça, spectatrice du couple, éternelle spectatrice. Une spectatrice timide, qui irait tout les soirs au théâtre, et qui tous les soirs se dirait "qu'est-ce que j'aimerais faire ça !", pour toujours se réveiller le lendemain et aller travailler à son bureau, sans rien dire à personne, sans jamais parler de sa passion.
Et si ? Et si... ce qu'ils sont nombreux ces "et si", ce que je les méprise.
Moi, j'veux pas. C'est trop compliqué, tout est trop compliqué. Je ne veux pas risquer moi de me rendre un tant soit peu malheureuse, même un tout petit peu, et même si ça ne dure que quelques heures ou quelques jours. J'espère, ô combien j'espère, pour vous tous qui me lisez, et pour vous tous qui ne me lisez pas, que vous avez su, que vous savez et que vous saurez oser. Que vous oserez même pourquoi pas même auprès de moi, si, sait-on jamais, un prince qui a peur de ne pas être assez charmant lit ces lignes. Quoiqu'il en soit, je vous le dis, que ce soit à moi que vous veniez vous déclarer, ou à qui que ce soit, vous êtes des princes charmants et des princesses charmantes, parce que vous osez.
Moi, pour l'instant... je reste la (pas) Belle au Bois Dormant qui ne fait rien... Sauf que je ne dors pas, et que j'attend tout de même, mais en me disant que je fais n'importe quoi...